• Tout est inventé, bien sûr, dans ce texte rédigé pour un atelier d'écriture...

    Une histoire de maman

    J'ouvre un œil. Je n'entends rien. La maison est calme. Même le chat n'est pas sur le lit en train de ronronner. Où est passée maman ?
    La pendule ancienne, celle qui est chez nous, dans notre famille, depuis 150 ans, tinte doucement. Je compte : 1 …2 … 3 … 4 … 5 … 6 … Ah oui ! il est 6 heures. Cela explique le silence et l'absence de Caty : elle est au jardin, bien sûr, avec maman, près des rosiers.

    « Ils ne sont pas bien en avance, cette année. Hubert me l'avait bien dit. Quand nous habitions à Montmorency ils démarraient plus tôt. C'est vrai qu'alors René vivait encore. elle n'est plus sûre en fait, elle ne sait plus si c'était René qui avait influencé la poussée des fleurs ou si c'était mieux avant. »

    Cette pensée la fit rire toute seule.

    « Tiens, ce rosier grimpant, nous l'avions choisi et acheté ensemble. C'est un Pierre de Ronsard. Ce parfum c’est un peu le même que celui de l'eau de toilette de René. Hé tiens, il doit en rester. Il faudrait que je l'offre à Thierry, qui aimait tant son père. »

    Tout en mâchonnant ses souvenirs elle avait fini d'inspecter la roseraie et se dirigeait vers le cabanon, cet endroit qu'elle détestait, car c'est là que Pierre, l'autre fils, avait tenté de mettre fin à ses jours.

    « Où vit-il maintenant ? Pourquoi ne donne-t-il jamais de nouvelles ? D'ailleurs vit-il encore ? Cette fille dont il s'était amouraché, elle n'était vraiment pas faite pour lui ! »

    La porte du cabanon s'ouvre en grinçant, comme d'habitude.

    « il faudrait que je graisse les gonds ! »

    Mais elle remettait toujours ce travail somme toute facile à plus tard. Le jour où elle y avait été vraiment décidée, elle avait posé la burette d'huile quelque part, alors que le téléphone sonnait, et elle ne l'avait jamais retrouvée.
    A nouveau cette idée la fit rire.

    « Je veux quoi dans ce cabanon ? Je ne m'en souviens plus »

    Elle avait constaté que, de plus en plus souvent, elle perdait le fil de ses pensées.

    « Ah oui ! la bêche ! j'ai besoin de quelques poireaux. pourvu que le sol ne soit plus trop gelé. »

     Mon père n'aimait pas trop jardiner, mais au moins il était là pour les travaux qui demandaient de la force.

    « Il ne fallait surtout pas lui laisser un sécateur en mains : soit il se blessait, soit il massacrait les rosiers ou les buddleias, et tout ce qu'il ne fallait surtout pas toucher. »

    Et elle éclate de rire pour la 3ème fois, avant de rentrer sur la terrasse, où je viens de l'appeler pour prendre le traditionnel petit-déjeuner de sept heures.


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